Entre mers, montagnes et glaciers
Nous repartons d’Ushuaïa sous un temps gris, direction encore plus au Sud ! La Isla Navarino. Nous chargeons les vélos sur un petit bateau pour les 25 minutes de traversée du canal de Beagle. Arrivée au Chili sur l’île Navarino où nous attendent encore 2 heures de bus pour rejoindre la ville la plus au Sud du monde : Puerto Williams avec ses 3 000 habitants (la moitié étants des militaires et leurs familles). Ici pas (encore) beaucoup de touristes mais on sent que c’est en plein développement. L’état construit des routes et des infrastructures pour développer le secteur sur cette île qui a beaucoup de potentiel.
Nous logeons dans une petite cabane en dehors de la ville et au pied des montagnes. C’est assez rustique, sûrement construite à la main par notre hôte : une seule pièce avec lits superposés, un poêle, une table et des chaises, une petite cuisine et un grand jardin avec barbecue et douche solaire. On rejoint la ville en vélo à 10 minutes de là. Le premier jour c’est une vraie tempête, plus d’électricité en ville à cause du vent, les barrières de chantier et les panneaux de signalisation qui s’envolent (sans parler de la poussière des routes de terre) ; le retour à vélo depuis la ville à la cabane sera périlleux… De toute façon à la cabane il n’y a ni eau ni courant à part un petit générateur, qui servira peu.
Nous sommes venus sur l’île car c’est le seul moyen pour rejoindre en ferry Punta Arenas sur le continent mais voilà, une fois arrivés nous apprenons que le prochain ferry est complet (on nous avait pourtant dit le contraire à Ushuaia) et que le suivant ne part que 4 jours plus tard. C’est un mal pour un bien car cela nous permet de faire une randonnée de deux jours autour des Dientes de Navarino, une chaîne de montagne (le chemin partant juste derrière notre cabane).
La météo est avec nous et les paysages sont à couper le souffle : des vallées immenses pleines de petits lacs et de forêts, pas une trace humaine à l’horizon, sûrement parmi les plus beaux paysages qu’il nous ait été donné de voir.
Chaque montagne franchie nous dévoile une nouvelle vallée, de quoi faire des randos pendant des semaines en hors-piste complet (il n’y a que deux ou trois chemins « balisés » sur toute l’île) Le premier jour, avec nos sac légers le chemin est facile à suivre et très agréable malgré quelques pierriers et des pasos (des cols) un peu raides. Le deuxième jour ça se complique un peu : le sol est boueux, il n’y a plus vraiment de chemin à part quelques cairns (à croire que la CONAF, l’équivalent de l’ONF au Chili, n’avait plus de peinture rouge pour finir le balisage pourtant existant le premier jour). C’est un peu laborieux, on fait des détours, on perd plusieurs fois le chemin et on ne comprend pas pourquoi la route est aussi compliquée alors que l’on pourrait aller tout droit en terrain plat… On arrive en début d’après-midi devant le Paso Virginia, le dernier gros obstacle. On commence par monter, droit dans la pente sur le sentier boueux avant d’arriver sur un grand plateau rocheux qui semble ne jamais se terminer de monter vers le ciel. Pourtant il termine, et même brusquement ! La descente se fait dans un pierrier, droit avec une pente bien raide. C’est impressionnant (et un peu dangereux) mais on descend finalement assez rapidement. Pour la fin de la randonnée nous marchons encore dans la boue et devons escalader des troncs d’arbres avant de retrouver la route. Un vrai parcours du combattant pour finir une randonnée grandiose. Le ferry qui nous emmènera à Punta Arenas met 32 heures pour faire la liaison. Il s’agit en fait d’une barge qui transporte les camions de ravitaillement et qui est équipée d’un coin pour les passagers. C’est tout confort et assez peu rempli (même pas une dizaine de touristes). Nous avons préféré rejoindre Punta Arenas par bateau plutôt qu’en bus depuis Ushuaia car nous voulions profiter d’une petite croisière dans les fjords du Sud du Chili où se trouvent quelques glaciers qui se jettent dans la mer mais également pour ne pas refaire la route en sens inverse et avec le vent de face…
On arrive dans la soirée dans la zone où se trouvent la majorité des glaciers ; heureusement ici, il fait jour jusque 23 heures. Le spectacle est incroyable, sur chaque montagne il y a un glacier, on ne sait plus où donner de la tête. Les plus gros qui se jettent dans la mer sont littéralement des murs de glaces de plusieurs dizaines de mètres de haut : c’est impressionnant à voir ! Par endroit la mer est couverte de petits icebergs et nous apercevrons même quelques dauphins venus s’amuser avec les vagues du bateau (toujours pas d’orque malheureusement).Le lendemain, brossage de dent dans la salle de bain du bateau, un regard par le hublot pour voir à nouveau les dauphins…waw… La nuit puis la journée du passeront tranquillement ; la météo est un peu moins bonne que la veille mais les paysages restent magnifiques. De partout la mer… ou les montagnes. On se sent vraiment tout petit dans ces décors vides de toute activité humaine. Les montagnes sont immenses, les arbres déformés par le vent, poussent tous dans la même direction. C’est un vrai labyrinthe de canaux et derrière chaque montagne on devine d’autres, plus grandes encore cachées par la brume. Ça doit être sympa d’avoir un voilier et une paire de chaussure de marche pour pouvoir passer du temps dans le coin comme on le souhaiterait.
Nous resterons quelques jours à Punta Arenas, le temps de faire des emplettes (on trouve la même popote que celle que nous avions perdue en rentrant d’Uruguay). Le centre-ville est assez sympathique avec quelques bâtiments coloniaux anciens mais on ne joue pas vraiment les touristes. Puerto Natales nous attend à 250 km au nord, notre dernière étape de l’année.
On retrouve le même genre de paysage qu’en Terre de Feu, la Pampa et quelques collines avec des montagnes au loin et puis comme toujours du vent (de face sur tout ce tronçon). On avance durement mais sûrement les deux premiers jours et l’on croise beaucoup de cyclistes ; certains sur la fin du voyage, contents et tristes à la fois d’arriver, et d’autres comme nous plutôt au début. Tout le monde va ou part d’Ushuaïa.
Le deuxième soir, nous dormirons dans une vieille maison abandonnée, repère de cyclistes puisqu’il y en a 7 autres au même endroit. Le lendemain le constat est sans appel, il y a beaucoup trop de vent pour faire du vélo (on le savait vu les prévisions) avec des rafales jusqu’à 70 km/h. On passe donc au plan B et on tend le pouce ! C’est assez facile car ici ils ont tous des pick-up ou presque. Damien arrête rapidement une première voiture, il n’y a que deux places : 1er départ avec Nico. Vincent arrête un vieux pick-up une heure plus tard (les deux courroies de distribution casseront pendant le trajet mais il arrive à bon port quand même, pile pour le déjeuner).
Nous voilà installés à Puerto Natales pour trois bonnes semaines. On a prévu de passer Noël et le jour de l’an ici avant d’aller faire le trek W dans le parc de Torres Del Paine, réservé pour début janvier. On passe les journées tranquillement à l’auberge de jeunesse, on mange bien et on se repose. En plus il y a une brasserie artisanale sur la place principale… On recroise à nouveau JB, qui lui revient de Torres Del Paine. On est content de retrouver également Geoffray, le copain qui nous a hébergé à Buenos Aires et qui est venu nous rejoindre pour le jour de l’an. La soirée débute à l’auberge de jeunesse que nous n’avons jamais vue aussi remplie (NB : la plupart des gens ne passent à Puerto Natales qu’un ou deux jours avant et après leur trek à Torres Del Paine. L’auberge est pleine toutes les nuits mais les gens partent très tôt le matin quand on dort encore et rentrent le soir directement se coucher, on a donc l’impression que c’est vide en permanence). Avec toute l’auberge ou presque, on terminera dans un bar du coin où un orchestre joue à plein volume de la musique colombienne (la cumbia). Super soirée pour terminer 2018…
Et puis, après quelques jours nous sommes enfin partis faire le fameux trek W, du non moins fameux parc Torres Del Paine mais ceci est une autre histoire (un article y est dédié sur le site lien article Torres).
A l’heure où j’écris nous sommes rentrés depuis quelques jours, le temps de remettre nos genoux et on repart vers le nord, direction El Calafate en Argentine et le fameux glacier : Perito Moreno. Fini les vacances, on commençait un peu à tourner en rond !
Ne manquez pas notre prochain épisode dans quelques semaines, suivez-nous sur les réseaux sociaux, au programme des glaciers, du vent, des montagnes et encore du vent
PS : On a aussi enfin passé la barre des 2 000 km en pédalant en rond dans Puerto Natales 😊 plus que 10 ou 12 milles à faire…
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