Après une semaine de pause dans la ville de Salta consacré à bien manger (nous avons retrouvé Philippe notre papy à vélo préféré autour un boeuf bourguignon) et à dormir, nous partons vers l’Est afin de rejoindre San Pedro de Atacama au Chili.

Nous devons traverser la cordillère des Andes et deux choix s’offrent à nous : le paso (col) de Sico ou le paso de Jama.

En arrivant à Salta nous avons croisé un couple de français à vélo qui voyage depuis l’Alaska jusqu’en patagonie #AlaskaPatagonia. Eux sont passé par Sico et ils nous recommandent cette route qui est magnifique. Nous décidons donc de passer par là! C’est le chemin le plus court et les deux cols sont de toute façon à peu près équivalent en dénivelé avec des passages à plus de 4500m d’altitude.

Les trois premiers jours nous grimpons doucement depuis Salta (1200m d’altitude) jusqu’à San Antonio de Los Cobres (3750m), la dernière « ville » sur le chemin. Pour y arriver nous passons notre premier col à 4000m. L’altitude ne nous pose pas trop de problème, le souffle est un peu plus court et on sent un léger mal de tête en fin de journée mais rien de terrible. On nous a conseillé de manger régulièrement (aucun soucis) et de boire beaucoup (d’eau) pour éviter les désagréments.

Les principaux problèmes sont le vent (pour changer nous l’avons de face) et le froid, il fait jusqu’à -15°C la nuit, très limite avec nos sacs de couchage, la seconde nuit à 3200m nous avons déjà eu un peu froid.

Nous décidons de rester une journée à San Antonio pour nous acclimater à l’altitude avant la suite de l’ascension. Nous découvrons juste à côté de notre hôtel un petit restaurant qui ne paie pas de mine, le Quinoa Real, mais qui sera finalement une des meilleures surprise culinaire d’Argentine. Nous y mangeons deux fois avant le départ, au menu mouton ou lama en steak, empanadas viande séché ou ragout, un délice, on recommande à tous ceux qui passent par la, avec fromage de chèvre en dessert.

Nous prévoyons 6 jours pour arriver à San Pedro de Atacama, le ravitaillement à San Antonio de Los Cobres ne fait pas rêver, du pâté en boîte, des conserves et des pâtes à la sauce tomate pour seuls repas pendant 6 jours, terrible…

A la sortie de la ville le goudron fait place à un chemin de ripio (piste en terre) en mauvais état. Le vent est de la partie et nous attaquons péniblement l’ascension jusqu’à un premier col à 4500m d’altitude. L’objectif est de rejoindre Olacapato Grande, un minuscule village à 65km de là où nous sommes afin de pouvoir dormir dans un hôtel. La journée est de loin la plus dure jusque là, le vent souffle fort, l’altitude nous fatigue plus vite et la route est mauvaise. Il nous faudra 5 heures pour faire 35km et atteindre le col. Nous faisons du stop à la fin pour rejoindre le village car il fait trop froid pour dormir dehors et même en descente le vent nous freine trop pour espérer faire 30km de plus.

Notre chambre n’est pas chauffée et l’auberge n’a pas de cuisine. Nous faisons cuire nos pâtes dans les toilettes. Même à l’intérieur on se gèle.

Pour atteindre le paso de Sico il nous reste 75km à faire Sur un plateau situé à 4000m d’altitude en moyenne. La bas on peut dormir à la douane dans un dortoir. Vu le froid on n’envisage pas une minute de dormir en tente si on peut l’éviter de quelques façon que ce soit.

Nous partons donc d’Olacapato de bon matin, décidé à atteindre la douane. Au bout de 5 minutes nous déchantons. La piste est catastrophique, du sable ou de la tôle ondulée, avec un vent de face très fort. Nous n’avançons pas à plus de 7km/h. Au bout d’une petite heure nous arrêtons le massacre et nous faisons du stop à un croisement. Seulement voilà, nous sommes sur une route secondaire (voir tertiaire) et les seuls véhicules qui passent vont vers des mines pas du tout sur notre chemin…

Après quelques heures de stop inefficaces le vent déjà fort tourne à la tempête de sable. On décide de battre en retraite vers Olacapato, heureusement que l’on n’était pas trop loin et que le vent nous pousse. Sur le retour les deux vis qui tiennent la selle de Nico cassent d’un coup. Derniers kilomètres en danseuses.

Autant vous dire que nous sommes un peu dépité en reprenant une chambre dans l’auberge d’Olacapato. Il fait très (trop) froid, on n’a rien de bien fameux à manger, le réchaud est cassé et il faut le réparer, les prévisions météo n’annoncent rien de bon au niveau du vent et en plus avec la tige de selle cassée on ne peut plus rouler, ça commence à faire beaucoup… Peu importe la direction que l’on prend, il faut repasser à 4500m d’altitude, impossible sans selle. Après un rapide tour du village impossible de réparer ici le vélo, les camionneurs, les ouvriers et la police n’ont pas de vis comme nous recherchons. Bien sûr il n’y a aucun bus qui rejoignent la civilisation.

Nous sommes bloqué à 4000m d’altitude…

Il est temps de réfléchir au plan B, nous devons retourner à San Antonio de Los Cobres dans tous les cas en espérant réparer le vélo la bas, sinon c’est retour à Salta. On envisage de traverser en bus mais impossible depuis là où nous sommes et avec les vélos on n’est pas sûr de pouvoir le faire, même depuis Salta. Peut être en achetant un van ? 😀 (le niveau de dépitement nous oblige à réfléchir à toutes les éventualités)

Le lendemain de cette journée terrible nous tentons le stop pour retourner à San Antonio. Coup de chance après deux heures d’attente un convoi qui ramène les mineurs jusqu’à chez eux passe par là et nous embarquons avec les bagages. Nous faisons dans l’autre sens le chemin de l’avant veille et nous pouvons mieux apprécier les magnifiques paysages que lors de l’allée avec le nez dans le guidon.

Petite consolation à San Antonio de Los Cobres, nous réparons le vélo, nous retournons manger dans le super restaurant et surtout nous pouvons voir avec seulement deux jours de retard l’épisode final de Games of Thrones !!!

Après réflexion on abandonne l’idée de passer par Sico. Il faut donc prendre le Paso de Jama. Il fera aussi froid et le vent est toujours en défaveur mais au moins la route est goudronnée… nous ne sommes pas sorti de l’auberge pour autant car pour rejoindre la route goudronnée on doit passer par de la piste. On a le choix entre trois routes mais aucune n’est vraiment « facile » et il n’y a pas d’hôtel, on risque de se geler. Finalement on se sort de la en donnant quelques billets à un gars du coin qui a un pick up et qui peut nous amener jusqu’au village de Susques, sur la route principale goudronnée. Nous passons par la route 40, celle qui traverse toute L’Argentine du Nord au Sud. Ici ce n’est qu’une piste de terre. Rien à voir avec la Patagonie où c’est une autoroute.

Le trajet dure deux heures et demi (contre deux jours en vélo avec de bonnes conditions météo). La première partie est splendide, la route est très peu fréquenté et on se demande bien pourquoi quand on voit les paysages. La seconde partie du voyage est plus monotone mais au moins en voiture on avance…

On doit vraiment faire le trajet à l’envers ou hors saison car ici aussi le vent nous joue des tours. Après une nuit à Susques impossible de rouler, même en ayant retrouver le goudron : toujours autant de vent et toujours aussi froid.

Tant pis, on tend le pouce et on embarque à l’arrière d’un pick up pour rejoindre le village de Jama à 170 km de la.

Le lendemain nous passons la douane, au revoir l’Argentine! Après presque 6 mois en cumulé passé dans le pays nous partons définitivement (jusqu’au prochain voyage), on pourra dire qu’on en a profité. C’est vraiment un pays magnifique, immense, avec des paysages variés, de la mer, de la montagne, de la plaine, du désert, de la jungle… il y en a pour tous les goûts. Et dire qu’au départ on ne pensait y rester que un mois ou deux, vers Ushuaia, puis remonter par le Chili. Finalement on aura fait l’inverse et sans regrets!

Pas le temps de pleurer car nous devons avancer. Pour une fois il n’y a pas de vent. Plus que 160km de no man’s land nous séparent d’Atacama. On attaque bravement la montée. Pas de vent donc mais un froid de canard. Moins huit degrés, à 10h du matin, à 4300m d’altitude… et on doit dormir à 4500m pendant deux nuits…

Nous n’avons jamais eu aussi froid aux mains et aux pieds.  

A midi le vent se lève un peu. Quelques camions passent. Est-ce que l’on ne ferait pas du stop pour éviter de mourir gelé cette nuit ?

Finalement un camionneur brésilien nous embarque. Il emmène en 4 jours son camion du Brésil au Pérou avant de repartir dans l’autre sens. Nous sommes content c’est la première fois que l’on monte dans un camion. En deux heures nous traversons le Nord du désert d’Atacama. Le chauffeur ralentit même pour nous laisser prendre des photos. Le paysage est magnifique et on l’apprécie aussi bien au chaud dans un camion.

Au point le plus haut du trajet nous avons un Mont Blanc sous nos pieds. A cette altitude il n’y a plus que des rochers, pas un brin d’herbe. On se croirait sur Mars car par endroit les montagnes sont rouges. Nous apercevons pour la première fois la Bolivie car la descente vers Atacama longe la frontière.

On ne regrette pas d’avoir fait du stop sauf à la fin, 40km de descente, plus de 2000m de dénivelé d’un seul coup, ça aurait été marrant. Arrivé en bas ça y est nous sommes à San Pedro de Atacama. Les gens sont en short, on retrouve d’un coup la chaleur et ça fait plaisir (Ça ne va pas durer de toute façon vu que nous partons ensuite en Bolivie mais on va bien en profiter quelques jours).

Finalement nous n’aurons pas tout traversé à vélo mais les circonstances ont un peu joué contre nous ce coup là. Promis on avait vraiment prévu de faire du vélo cette fois ci. On est quand même assez fiers d’avoir passé les 4500m d’altitude, ca restera un souvenir incroyable. C’est une grande première pour nous qui avions à peine dépassé les 3000 m avant ce jour. Les paysages ici sont incroyables, du jamais vu qui vaut le déplacement. Prochain objectif : 6000m ! (En rando)

A très bientôt.