Quelques heures après notre départ de Copacabana nous passons la frontière du Pérou. En quelques jours nous contournons le lac Titicaca par le Sud Ouest. Les péruviens sont vraiment sympa, tout le monde nous salue dans la rue et nous klaxonne amicalement, la reprise du vélo après un mois est un vrai plaisir. Nous passons une nuit sur une plage au bord du lac avec un catalan et un brésilien que nous avions croisé près de Salta deux mois plus tôt. Le lac est immense et il nous faut bien deux jours pour le longer jusqu’à Puno. De la nous nous prenons un jour pour aller voir les îles flottantes du lac Titicaca.
Les îles sont construites en roseaux et flottent vraiment sur le lac, ça bouge un peu malgré les trois mètres d’épaisseur entassé sous nos pieds. Ici une cinquantaine de familles vivent encore très traditionnellement avec une vingtaine de personnes sur chaque îlot. Même si aujourd’hui les habitants ont des douches, des petits panneaux solaires et des barques à moteur, les habitations restent spartiates.
La vie des occupants tourne aujourd’hui très largement autour du tourisme, complété par un peu de chasse et de pêche. Nous avons la chance de venir dans une période touristique assez creuse, malgré tout l’accueil des locaux manque de naturel et tout est fait pour divertir les touristes, des chansons, des danses et un tour en bateau de roseaux. L’endroit et le mode de vie de ces personnes restent incroyable à voir (une grosse partie de la population originaire des lieux à quitté l’endroit en quête de conditions de vie plus faciles en ville) mais comme souvent dans les coins très touristiques l’affluence et la dépendance au tourisme cassent un peu le charme de l’endroit, ici comme à beaucoup d’endroits la population baisse et le mode de vie traditionnelle risque de se perdre, un peu à cause de nous… même si notre guide affirme que sans le tourisme il n’y aurait déjà plus personne.
Nous reprenons le vélo en direction de Cuzco. Chaque jour, nous croisons un ou deux cyclistes qui nous recommandent un arrêt à aguas caliente, des sources chaudes sur la route. En effet ça vaut le coup, après plusieures nuits un peu fraiches, c’est agréable de se tremper dans de l’eau à 40 degrés !
Le dernier jours nous passons la soirée avec Nils un cycliste français qui vient de Cuzco. Il nous recommande l’hôtel Estrellita, un repère de cyclistes. Nous y arrivons le lendemain après une longue étape. L’entrée dans Cuzco est pénible avec une vingtaine de kilomètres en montée dans la banlieue de la ville. En plus après un mois de pause en Bolivie et une semaine de vélo nous avons très mal aux fesses.
Comme annoncé l’hôtel est plein de vélo et il y a beaucoup de voyageurs français. Il est en plus idéalement situé dans la ville.
De tout le voyage Cuzco est sans doute notre ville préférée jusque là. Le centre ville est animé et très joli avec de nombreux bâtiments de style coloniaux que les espagnol n’ont pas hésité à construire sur les anciens bâtiments incas. Du coup le résultat est assez surprenant, le bas des bâtiments est construit avec d’énormes pierres (incas) sur lesquels les colons ont posé leurs murs blancs et leurs toits en tuiles. La ville est très touristique car c’est le lieux de départ pour le Machu Picchu. Il n’empêche que c’est un endroit très agréable, à l’heure ou j’écris on y est déjà depuis deux semaines et on ne s’en lasse pas. On en profite pour faire plein de jolies rencontres.
Vers Cuzco les activités sont nombreuses. Nous allons rayonner autour avec Louis et Julien, deux français rencontré à l’hôtel qui sont en semestre de découverte à l’étranger dans le cadre de leurs études d’ingénieurs (pas mal les études). Louis à pour projet d’aller jusqu’en Equateur à vélo et Julien profite de son voyage pour faire du volontariat entre le Pérou, la Bolivie et le Chili. Avec eux nous partons d’abord pour la montagne des 7 couleurs et la Vallée rouge, expédition de deux jours avec nuit sous tente à 5000m d’altitude et petite marche dans la vallée rouge. Le couché de soleil à la montagne des 7 couleurs est magnifique, nous sommes tout seul c’est royal. Le lendemain matin par contre le site est envahi dès le matin par les touristes !
Pas bien grave car 30 minutes de marche plus loin nous passons dans la vallée rouge et là, plus personne. Dès qu’il faut marcher un peu on est tout de suite plus tranquille.
Quels amateurs ces deux petits français. Ils nous annoncent qu’ils n’ont pas de picnic pour le midi (pourtant Julien à un sac de soixante litres ultra lourd dans lequel il n’y a ni nourriture, ni matelas, ni doudoune, idéal pour deux jours de trekking avec nuit à 5000m d’altitude, on le suspecte de porter des cailloux !). De retour à Cuzco nous repartons deux jours voir des ruines incas et la rebelote, ils ont acheté un picnic (ont les a surveillés pendant qu’ils faisaient les courses) mais ils ont tout oublié dans le frigo à Cuzco. Dès vrais amateurs ont vous dit !!! Il nous font quand même bien rire du coup on partage encore une fois notre picnic avec eux 😀
De retour à Cuzco Louis est un peu malade et Nico à des problèmes d’estomac. Pas de bol car nous partons le lendemain pour le trek du Salkantay qui nous emmène en 5 jours jusqu’au Machu Picchu. Impossible de décaler le départ car les tickets d’entrée sont réservés.
Le départ pique un peu. Le réveil se fait à trois heure pour prendre un bus, puis commencer la marche à 7h. Louis est trop mal pour partir, il reste dormir et nous rejoindra le soir (le premier campement peut se rejoindre en voiture). Nico prend son courage et son estomac à deux mains et part vaillamment avec Julien et Vincent qui sont eux en pleine forme. Le premier jour il faut monter à environ 4000m d’altitude pour rejoindre le premier camp au pied d’un glacier. Arrivé au camping nous louons pour presque rien une petite hutte histoire de passer la nuit un peu plus au chaud qu’en tente. Nico toujours un peu incommodé garde le camp pendant que Julien et Vincent poussent jusqu’au lac Humantay au pied du glacier. Malgré un temps nuageux le lac est bien bleu et on ne regrette pas la montée supplémentaire. On aperçoit même le glacier Tukarway quelques minutes. Il s’était caché dans la brume depuis notre arrivé.
Louis nous rejoindra dans la soirée pour continuer avec nous. Heureusement car il porte une des deux tentes.
Le deuxième jour est le plus physique d’après nos renseignements. Il s’agit de monter jusqu’à un col à 4800m d’altitude au pied du magnifique glacier Salkantay qui donne son nom au trek puis de redescendre plus de 1000m de l’autre côté. Doucement mais sûrement nous montons vers le col mais la chance ne nous sourit pas. Le Salkantay que nous avons aperçu le matin en nous levant est complètement caché et on n’en verra pas un bout. On aura le droit a des nuages, du vent et même quelques flocons de neige. Un peu décevant car c’est normalement la plus belle journée du trek. D’ailleurs c’est la seule vraie journée de marche que font les groupes de touristes qui réservent des excursions avec des agences privés. Sur les autres jours de marche on croise moins de 10 randonneurs, toujours les mêmes, mais ce jour là c’est le défilé de touristes avec des mules et des chevaux pour les porter eux où leurs sacs à dos. On ne les reverra plus avant Hydroelectrica, deux jours plus tard.
On plantera nos tentes pour la nuit dans un petit village ou nous pouvons également nous ravitailler.
Le troisième jour est le plus relax du trek mais Louis est au plus mal et l’état de Nico qui s’était arrangé la veille s’est à nouveau dégradé. Après quelques kilomètres laborieux pour eux ils décident de faire du stop jusqu’au campement du soir. Julien et Vincent continuent tranquillement l’étape qui consiste à descendre dans la jungle en longeant une rivière. Le soir c’est grand luxe. Nous plantons la tente devant un joli lodge tout construit en bambou. Nous devions marcher un peu plus mais la propriétaire nous accueil si gentiment que nous décidons de camper sur place. En plus elle nous appâte en nous parlant de son café qui vient directement de ses plantations !! Il est en effet excellent, encore plus après plusieurs jours de café soluble. Louis ressuscite littéralement grâce aux ibuprofènes et à la connexion internet ! Nico est également un peu mieux, ça s’annonce bien pour la journée du lendemain.
Nous attaquons fièrement le quatrième jour par une petite montée en forêt. Après des jours à haute altitude c’est bien plus simple pour le souffle et une fois au sommet nous profitons de notre première vue (de loin) sur le Machu Picchu. S’en suit une grande descente jusqu’à Hydroelectrica. Il s’agit d’un tout petit bled construit là pour exploiter une centrale hydroélectrique (sans blague). En fait il s’agit surtout du point de départ pour des hordes de touristes en route vers le Machu Pichu a une douzaine de kilomètres de là. En effet il y a une petite ville au pied du Machu Picchu, Aguas Caliente surnommé plus ou moins officiellement Machu Picchu village sauf que celle ci n’est pas desservie par la route. Il y a plusieurs moyen d’y accéder : le train directement depuis Cuzco sauf que c’est très cher ; on peut sinon prendre un bus depuis Cuzco jusqu’à hydroelectrica (comptez bien 5 heures) puis prendre le train pendant 30 minutes jusqu’à Aguas Caliente. Enfin on peut marcher le long de la voie ferrée sur les 11 kilomètres qui nous séparent de la ville, la solution que nous avons choisi.
Après les deux derniers jours tranquille sur le trek nous recroisons donc ici de très, très, nombreux touristes qui prennent le train ou font juste à pied les derniers kilomètres du trek. Autant vous dire qu’après avoir marché des jours c’est déprimant de voir autant de monde arriver tranquillement la fleur au fusil sans sac à dos avec des chaussures de ville… En plus on a beau êtres vaillants tous les 4 on commence un peu à fatiguer après les maladies et les 4 jours de marche (on a déjà fait 10km dans la journée et il en reste 11, certe à plat mais quand même). On a un peu mal au pied et cette fois ce n’est pas les genoux de Vincent qui posent problème mais les cuisses de Nico qui ont trop chauffées et qui font très mal. Après trois heures un peu laborieuse et très longues nous arrivons enfin à Aguas Caliente. Pas grand chose à dire sur la ville, c’est fait pour les touristes, c’est cher et il n’y a que des hôtels et des restaurant. Un peu comme une station de ski, sans la neige.
Vraiment fatigué nous mangeons rapidement à côté de notre hôtel et allons nous coucher tôt pour notre grosse journée du lendemain.
Pour visiter le Machu Picchu, il faut acheter à l’avance son ticket. Il y a un certain nombre de place disponible toute les heures entre 6h du matin et 15h. Nous avons pris des entrées pour 7h car il n’y avait plus rien à 6h, les premières tranches horaires partent vite car c’est la qu’il y a le moins de monde sur le site et tout le monde se les arraches. En réservant 6 jours avant nous avons sans problème eu des entrées à 7h.
Dernier jour donc et encore une fois réveil très tôt. Pour se rendre au Machu Picchu, il reste 400m de montée, 1700 marches d’escalier dans la jungle. Il faut compter entre une et deux heures en fonction du rythme de marche. Nous partons donc à 5h15 de l’hôtel et arrivons la haut une demi heure en avance. Idéal pour être parmis les premiers du créneau de 7h à rentrer dans le site. Cette fois le temps est splendide. La montée est très tranquille à la fraîche et accessible à quasiment tout le monde. Malgré tout une grosse majorité des visiteurs préfèrent prendre un des bus qui effectue le trajet entre aguas caliente et l’entrée du site.
Finalement l’entrée à 7h s’avère idéal pour assister au levé du soleil sur le site.
Notre petit conseil : checker l’heure du lever de soleil, nous avons eu de la chance de le voir sur site c’est incroyable. Le top du top aurait été d’avoir un ticket d’entrée à 6h et d’arriver à 6h50, ainsi on passe avant tout le groupe de 7h (on ne peut pas rentrer sur site avant l’heure prévue sur le ticket même si on est en avance) mais on assiste quand même au lever du soleil du meilleur point de vue qui est proche de l’entrée du site.
Bon pour le site en lui même tout à sûrement déjà été dit. L’endroit est incroyable autant les ruines (très bien restaurées, une partie est d’ailleurs toujours en travaux) que le décor environnant. On aperçoit au loin le glacier Salkantay. Le site est encadré par deux sommets, le Huayna Picchu et le Machu Picchu (prévoir de réserver longtemps à l’avance pour ascension d’un de ces deux sommets). Le lieux est tout simplement magique. Nous craignions un peu l’affluence mais finalement le site est tellement grand qu’assez rapidement le flux de visiteurs se répartit et on ne se sent pas oppressé. Près de l’entrée il y a les points de vue ou l’on embrasse tout le site et ou tout le monde se presse pour prendre les photos et selfies mais pour nous avec l’entrée à 7h nous avons pu tranquillement déambuler dans les ruines. En théorie l’entrée permet de rester trois heures sur place (ce qui est suffisant pour faire tout le tour) mais en pratique il n’y a pas de contrôle une fois que l’on est dedans, c’est pourquoi l’entrée dans les premières tranche horaire est préférable. À notre départ le site était déjà bien plus rempli. Par curiosité nous avons regardé l’impact économique du Machu Picchu pour le Pérou. Les environ 2000 visiteurs par jours contribuaient de manière directe ou indirecte à générer plus de 3% du PIB du pays en 2017!
La descente des escaliers est difficile pour les cuisses de Nico qui décidera finalement de faire les 11km de retour jusqu’à hydroelectrica en train. Pour les trois autres c’est en longeant la voie ferrée dans l’autre sens que la veille. Le chemin est fait beaucoup plus rapidement et nous arrivons au bout presque en même temps que Nico et le train (ok on est parti un peu avant aussi).
Dernier challenge, rentrer à Cusco. À Hydroelectrica plein de minibus font la liaison avec Cuzco et nous trouvons rapidement une place, sauf que… et ben c’est un joyeux bazar. Les minibus ont environ 10 places et chaque chauffeur essaye de rabattre les touristes vers le sien. Bien sûr il n’y a aucune coordination entre les chauffeur. Ca serait tellement plus simple qu’ils se mettent d’accord pour remplir entièrement un bus puis un suivant et etcaetera en fonction de leur heure d’arrivée… mais bon ici c’est l’Amérique du Sud et ça ne marche pas comme ça. Il nous faudra attendre une heure et demi pour que le bus soit plein et derrière bien cinq heures de route (en zigzag à donner mal au cœur) jusqu’à Cuzco. Nous retrouvons avec plaisir nos lits en dortoir pour un repos bien mérité.
Petit bilan de ce trek : on ne va pas se le cacher pour nous c’est surement jusque-là le trek sur plusieurs jours que l’on a le moins apprécié mais en même temps la barre était très haute avec nos précédentes excursions en Patagonie. En plus de cela la météo du deuxième jours, supposément le plus beau, était mauvaise et 50% du groupe était malade un jour sur deux ! Les conditions n’étaient donc pas idéales. Malgré tout le fait d’approcher doucement du Machu Picchu et de gravir les marches le dernier jour participe pour beaucoup à la magie du lieu et on l’apprécie certainement davantage avec l’effort on ne regrette donc pas l’expérience! Si c’était à refaire on referait pareil avec une meilleure météo 😀
Bon ben maintenant y’a plus qu’à reprendre le vélo et traverser le Pérou, facile quoi!
A la prochaine !
Super ce reportage. Cela nous donne bien à voir ce que vous avez vécu!
J’espère que Nicolas a bien récupéré!
On espère un autre reportage avant votre retour.
Bises à vous deux
Joëlle