la Carretera Austral

la Carretera Austral

La Carretera Austral est la route traversant la région des Lacs et d’Aisen au Sud du Chili. Cette route permet de relier Puerto Montt à Villa O’Higgins au Sud du Chili, une région particulièrement enclavée entre la mer et les montagnes. Les travaux ont débuté en 1976 à l’époque de la dictature de Pinochet et a été terminée récemment, puisque le dernier tronçon au Sud n’est ouvert que depuis le début des années 2000. Elle est désormais longue d’un peu plus de 1200 km. Elle est réputée comme étant l’une des plus jolies routes d’Amérique du Sud et est assez célèbre chez les cyclistes et les motards et en effet on en croise beaucoup des deux.

Mais revenons un peu en arrière ; nous vous avions laissé à El Chalten en Argentine et pour rejoindre cette fameuse Carretera Austral c’est déjà toute une aventure. Direction le Nord (comme d’habitude) sur une route en ripio (en gravier), il faut s’y habituer parce que la majorité de la Carretera n’est pas goudronnée. Après une quarantaine de kilomètres sous un grand soleil nous arrivons au Lago Del Desierto que nous traversons en ferry, nous rencontrons Léon un belge de 70 ans qui voyage en vélo également entre Quito (Equateur) et Ushuaia, nous le retrouverons plusieurs fois dans les jours qui suivent.

Nous installons notre campement de l’autre côté du lac, près du poste frontière Argentin et la vue sur le Fitz Roy au loin est splendide. Le terrain de camping est envahi de vélo, il faut dire que là où nous sommes, on ne peut passer la frontière qu’a pied ou en vélo.

 

 Lago del désierto et le Fitz Roy

Nous comprendrons pourquoi en repartant le lendemain. Après le poste frontière il y a 7km de montée ou il faut pousser le vélo sur un sentier de randonnée. Il fait beau et on transpire bien. Une fois en haut de la côte nous repassons au Chili et la descente de l’autre côté se fait sur une route de gravier en mauvais état mais largement praticable en vélo. Il nous aura quand même fallu 6h pour faire à peine plus de 20 km. On passe la douane chilienne et nous campons au bord d’un autre lac que nous devrons traverser le lendemain sur un autre ferry pour atteindre Villa O’Higgins et le début de la Carretera Austral (pour nous le début vu qu’on remonte mais sinon c’est plutôt la fin). Seulement voila le ferry ne vient que s’il fait beau et qu’il n’y a pas de vent. Certaines personnes restent coincées une semaine à attendre. On croise les doigts car les douaniers nous ont annoncé du mauvais temps mais en fin de compte le ferry arrive comme prévu le lendemain.

Après une traversée de quelques heures nous arrivons sur cette fameuse Carretera Austral, sous la pluie.  Il y a 6 km entre le débarcadère et Villa O’Higgins que nous faisons rapidement sur une route de ripio en bon état, ce qui nous semble bon signe pour la suite (on déchantera rapidement). A l’Auberge de jeunesse où nous nous arrêtons pour la nuit nous retrouvons Philippe, le jeune retraité à vélo que nous avions rencontré sur la route et avec qui nous avions séjourné à El Chalten. Il est parti trois jours avant nous, mais on pense qu’on lui manquait et qu’il nous attendait (même si lui soutient que non…). Finalement on fera presque toute la Carretera Austral avec lui.

Première grosse étape après Villa O’Higgins, la ville de Cochrane à 230 km. Nous découvrons sur ces premiers jours les joies de la route en ripio, on avance de 50 km par jour, c’est un rythme complètement différent du goudron, un peu plus pénible et beaucoup moins confortable. Quelques kilomètres après le départ, Damien casse sa chaine une première fois (d’habitude c’est plutôt Nico) ça lui arrivera encore de nombreuse fois dans les jours qui suivent jusqu’à qu’il puisse la changer. Les paysages se suivent mais ne se ressemblent pas. Nous passons des paysages assez classique (montagnes et lacs) à des paysages beaucoup plus humides avec une végétation assez luxuriante. On essuiera d’ailleurs des belles pluies.

Nous croisons Léon tous les jours, il roule moins vite que nous mais il part très tôt le matin (peu importe le froid ou la pluie, un vrai courageux), du coup nous le rattrapons dans la journée puis, on se retrouve tous les soirs aux mêmes endroits pour camper.

Nous décidons de faire un petit détour pour aller voir Tortel, un village de pêcheurs sur pilotis. Très sympathique, mais la piste pour y aller est vraiment dans un sale état, il y a du vent et il pleut, c’est assez laborieux. Arrivé là-bas il faut porter les vélos dans des escaliers pour descendre jusqu’au camping. Il n’y a pas de route dans le village qui est construit à flanc de colline, seulement des passerelles en bois et des escaliers. C’est assez pittoresques et nous y passerons la soirée.

Le lendemain en repartant Damien décide de faire du stop jusqu’à Cochrane. Philipe, Nico et Vincent repartent donc sans lui. A l’heure du pique-nique une bonne surprise nous attend. Nous arrivons à une estancia ou des Chiliens croisé la veille, nous on dit que l’on pouvait prendre un café et acheter du pain et du fromage. A peine arrivé devant, une dame sort et nous invite à rentrer prendre un café. Sur la table en plus du café, il y a du pain du beure et de la confiture maison (excellente) ainsi que des sopapillas, des espèces de beignets frits. C’est plus un petit déjeuner qu’un vrai déjeuner mais on mange quand même ici, à volonté, le tout pour l’équivalent de 2,50€ par personne (bon il n’y avait plus de fromage mais ça valait quand même le coup). 

L’après midi passe tranquillement jusqu’au bivouac du soir au bord d’une rivière dans un endroit magnifique. On s’essaye à la pêche (on a acheté de quoi faire à El Chalten après qu’un français (merci Romain) nous ait montré des photos de ce qu’il avait réussi à attraper), sans succès pour nous. On reste aux pâtes…

Il nous reste une soixantaine de kilomètre à faire pour arriver à Cochrane. On commence fort avec une grosse montée dès le début mais finalement on se rend compte presque avec surprise que ça se passe assez bien. Nous commençons à avoir l’habitude des côtes depuis le début de la Carretera, du coup plus ça va, plus c’est simple (on en reparlera en Bolivie à 4000m d’altitude). Après la monté, le paysage change d’un coup, c’est beaucoup plus sec (il y a même des incendies dans la région). La route de ripio est en très mauvais état, de la vraie tôle ondulée, et l’arrivée jusqu’à la ville se fait dans la fumée des incendies, c’est assez laborieux, nous avons l’impression que ça ne terminera jamais. On fini malgré tout par retrouver Damien et à aller manger un Burger et des frites !

Après quelques jours de pause à Cochrane nous repartons vers le Nord en direction de la seule grosse ville de la route, Coyhaique. Les paysages défilent devant nos yeux et le ripio (encore et toujours) défile sous nos pneus. Nous avalons les kilomètres, parfois sous le soleil mais plus souvent sous la grisaille et la pluie. Tant pis puisque le soleil sera au rendez-vous quelques jours plus tard lors de notre arrivée à Puerto Rio Tranquilo, un tout petit village situé au bord d’un immense lac aux eaux turquoise. Pas question d’aller se baigner car l’eau est bien trop froide, mais on profite du beau temps pour aller voir les fameuses cathédrales de Marmol, des formations rocheuses impressionnantes créées par l’eau et le vent. Pour y aller nous choisissons l’option bateau à moteur, bien moins cher que la sortie en kayak (et puis on est en jour de repos). L’excursion vaut vraiment le coup. Nous rentrons dans des grottes en pied de falaise et nous avons même le droit à une courses entre les bateaux au retour…

Dernière ville étape avant Coyhaique, Cerro Castillo et son fameux glacier, un des dernier du Campo de hielo (le champ de glace Sud Américain) sur notre route. Damien sautera l’étape en stop directement jusqu’à Coyhaique car il a besoin d’une nouvelle chaîne de vélo, la sienne est définitivement cassée et nous n’en avons plus de rechange. On retrouve avec plaisir une route goudronnée quelques kilomètres avant l’arrivée à Cerro Castillo, juste à temps pour une grande descente bien agréable après des jours à se traîner sur une mauvaise route.

 

Cerro Castillo

Le lendemain nous nous attaquons à la petite randonnée permettant d’aller jusqu’au lac situé au pied du glacier. A notre arrivée (en fin de matinée), le vent est glacial et tellement fort qu’on prendra à peine le temps de manger abrité derrière un rocher. En plus le glacier est en partie caché par les nuages, heureusement qu’on l’a vu la veille depuis le village. Le lendemain à cause du mauvais temps la randonnée est même fermée.

Le soir au camping nous partageons un repas avec les Valis’help, deux françaises qui font le tour du monde en passant dans les écoles apprendre les geste de premier secours aux enfants et avec les Mojito Trail, un couple de français qui traversent l’Amérique à vélo (ils ont fait le Nord en 2018 et font maintenant le Sud).

Une grosse journée de vélo nous amène ensuite jusqu’à Coyhaique où nous retrouvons Damien qui a fait réparer son vélo et qui attend ses manchons de prothèses.

Quelques jours plus tard, c’est l’heure des au revoir. Nicolas et Vincent reprennent le vélo, Damien reste à Coyhaique attendre ses manchons de prothèses, qui ne devraient plus tarder et Philippe prend un avion direction Santiago pour gagner du temps. La suite de la Carretera Austral nous réserve encore une belle rencontre, puisque nous croisons le temps d’une soirée un couple de cyclistes français très sympa Paul et Pauline, ça ne s’invente pas… (nous qui oublions tout le temps le prénom des gens que nous croisons, là au moins on est sûr de s’en rappeler).

Après deux jours de route on se prend la pluie sans discontinuer jusqu’à la petite ville de Chaiten. On y passera 4 jours à attendre une accalmie qui ne viendra pas. Il faut dire qu’on est à l’un des endroits les plus humides du Chili… la ville est minuscule et aucune activité par temps de pluie. A cause du vent, l’électricité est même coupé pendant plus d’une journée. Cela en est trop pour notre patience et puisque la météo ne prévoit pas d’amélioration, nous décidons finalement de rejoindre Puerto Montt, la fin de la Carretera Austral, en ferry. Il nous manque donc quelques kilomètres de cette fameuse route ce qui nous donne une excuse pour revenir.

La ville de Puerto Montt n’est pas très belle, on y reste quelques jours, le temps d’aller au vieux marché goûter une soupe de fruit de mer. Damien nous rejoint après avoir enfin reçu son colis suite à de (très) nombreuses péripéties et contretemps.

Alors au final qu’avons-nous pensé de cette fameuse Carretera Austral, une route mythique dont on entend forcément parler lorsque l’on prépare un tel voyage. Eh bien ça vaut franchement le coup. Ce n’est pas toujours facile, la partie en ripio est vraiment usante (pour nous et pour les vélos). Il ne fait pas tout le temps très beau, ça grimpe un peu… mais malgré tout, la route est superbe. Les paysages changent tous les jours, on en prend vraiment plein la vue, à faire une fois dans sa vie !!

Attention il n’y a pas tout le temps d’eau chaude au camping 🙂

A bientôt pour la suite, nous vous parlerons de lacs (pour changer) de volcan et de fondue savoyarde…

El Chalten

El Chalten

Capitale nationale de la randonnée à en croire le panneau arborant l’entrée du village.
Pour nous c’est le lieu du mont Fitz Roy une des montagnes la plus emblématique de la Patagonie, elle culmine à 3405 mètres d’altitude. Nous devions rester 4 à 5 jours le temps de quelques randos. Finalement le charme des lieux nous prend et nous resterons plus de 10 jours. Cela permettra à Vincent de reposer son genou. En effet depuis le trek de 5 jours à Torres Del Paine, la douleur s’est manifestée et ne l’a pas quittée depuis. Après une ballade d’une heure le premier jour où il finit en boitant il décide d’aller à l’hôpital, le médecin lui diagnostique une tendinite. Le seul remède le repos et de la glace sur le genou… pas de chance quand l’on se trouve dans la « capitale du trekking »…

En plus le temps est plutôt sympa, on essuie quelques rafales de vents à plus de 100 km/h quand même (la ville est construite dans une vallée qui fait un superbe couloir pour le vent, on n’avait pas vu ça depuis le début du voyage) et ça fait toujours un drôle d’effet sous la tente. L’avantage c’est que les nuages ne restent pas longtemps et le soleil fait de nombreuses apparitions.  On avait du mal à y croire en voyant les prévisions mais on a même eu deux jours de canicule à plus de 30°C, de quoi ranger les doudounes et sortir les shorts pour la première fois depuis 3 mois (bon ça n’a pas duré mais c’est déjà ça).

A part ça la petite ville est sympa mais très touristique, pas mal de bars (et ça on aime bien), des auberges de jeunesse et des restaurants. C’est le cadre autour qui rend l’endroit magique, un de nos préféré depuis le début. La ville ressemble à un camp de base de haute montagne, tout le monde est en tenu de randonnée, les plus aventureux (et expérimentés) sont équipés de casques, de piolets, de crampons et autres cordes et de mousquetons. Il faut dire qu’a part les randonnées « classique » il y a de quoi faire niveau alpinisme avec beaucoup de falaise et le plus grand glacier d’Argentine a porté de main. Nous on ne s’y essaye pas à part Nico qui fera une petite heure de marche sur un glacier lors d’une de ses randos en solitaire.

Le second jour Nicolas, Damien et Philippe partent pour une randonnée de 3 jours pour explorer les environs. Vincent restera au camping pour glander se reposer.

Et là vous allez me dire : « mais je ne comprends pas, c’est qui ce Philippe ? Vous n’étiez pas trois à la base ? » Si si, j’y arrive.

Philippe est un jeune retraité passionné d’ornithologie qui voyage également à vélo. Nous l’avons rencontré un jour sur la route de El Chalten et retrouvé par hasard le lendemain dans le même camping « La casa Azul », depuis on n’arrive pas à s’en débarrasser 🙂

Nous avons très vite sympathisé et comme mentionné plus tôt, nous avons décidé de partir ensemble quelques jours pour une randonnée sans Vincent.

Ces 3 jours furent l’occasion de découvrir enfin les paysages de la Patagonie, que nous avions en tête en préparant le voyage il y a un an.

S’il y avait une recette pour décrire la majorité des lieux touristiques en Patagonie ce serai celle-là :

– Prenez une ou plusieurs montagnes bien escarpées, souvent accessible seulement en alpinisme.

– Ajouter à celle-ci un glacier bien blanc qui remonte derrière la montagne et faite le, se jeter dans un magnifique lac bleu turquoise.

– Mettre le tout au four thermostat 4 (Réchauffement climatique oblige) afin d’obtenir une fonte progressive du glacier et de divertir les touristes qui attendent la chute d’un morceau de glace dans le lac. (Les glaciers bougent également naturellement, c’est aussi pour cela que des blocs de glace se détachent, poussé par l’avancée du glacier mais malheureusement ici comme ailleurs le réchauffement climatique se fait bien sentir).

Voilà vous avez la recette de beaucoup de paysages de Patagonie, et pourtant sur place c’est encore plus beau et plus impressionnant et il est difficile de s’en passer.

Plus concrètement le Fitz Roy c’est un dôme de rocher qui domine toute la région, les falaises sont vertigineuses et on ne s’approche finalement que du lac en dessous dans lequel se jette le glacier. On a changé un peu de paysage depuis notre arrivée puisqu’on a fini la zone de Pampa qu’on traversait depuis Punt Arenas. Ici on est sur un décor de moyenne montagne assez sèche avec beaucoup de petits arbres et des étendues de brousse. On se rend compte a nouveau a quel point les paysages peuvent être assez identique pendant un bon bout de chemin puis d’un seul coup complètement changer. Après, plus on grimpe plus on arrive sur de la « haute » montagne avec de la caillasse, des pierriers et de la moraine surmontée d’énorme blocs de pierre. Et puis encore plus haut mais inaccessible pour nous il y a les falaises et les glaciers de partout. Finalement, même si la randonnée classique du coin c’est d’aller voir le lac au pied du glacier X ou Y on ne retrouve jamais les mêmes paysages.

Pendant ces trois jours Philippe a tenté de nous faire partager sa passion pour l’ornithologie, sans très grand succès je vous l’avoue… Jusqu’ici, il nous importait surtout de voir le fameux condor des Andes, et tout autres oiseaux plus petits était ramené au même rang qu’un quelconque pigeon ou moineau observé en France. (J’imagine déjà Philippe ronchonner devant son ordinateur en lisant notre article😊). On n’est pas le bon public, désolé Philippe.

Au retour au camping, nous rencontrons des français qui reviennent d’une randonnée de 4 jours « la Vuelta del Huemul » Nicolas est vraiment enthousiaste pour la faire, seulement Vincent n’est pas encore prêt à faire une marche sur plusieurs jours et Damien appréhende pour son manchon de prothèses qui s’use a vue d’œil. Nous décidons donc de faire rando à part, pour cette fois et nous préparons tous les trois (cette fois-ci les trois d’origines) nos randos respectives, Vincent va partir en boitant 2 jours avec 2 français pour aller voir le Fitz Roy et les autres points de vue pas trop éloignés, Damien va faire une journée de marche avec Perrine une autre française rencontrée au camping et Nicolas va faire la randonnée « la Vuelta de Huemul » en 3 jours avec Romain un autre voyageur à vélo également rencontré au camping. Pour cette randonnée il faut louer un baudrier et des mousquetons car deux passages de rivière se font en tyrolienne. Après avoir échappé aux pumas (tu parles… le bruit du vent sur la tente en pleine nuit et ça se croit attaqué par un puma) et aux vaches sauvages (elles sont apparemment énormes d’après Nico) tout le monde rentre sain et sauf. On l’a échappé belle.

Après ces 10 jours passé à la « Casa Azul », le camping (a la propreté douteuse et à la cuisine délabrée) il est temps de repartir vers le Nord en direction de la fameuse Carretera Austral, la route mythique du Sud du Chili, mais c’est une autre histoire…

Entre mers, montagnes et glaciers

Entre mers, montagnes et glaciers

Nous repartons d’Ushuaïa sous un temps gris, direction encore plus au Sud ! La Isla Navarino. Nous chargeons les vélos sur un petit bateau pour les 25 minutes de traversée du canal de Beagle. Arrivée au Chili sur l’île Navarino où nous attendent encore 2 heures de bus pour rejoindre la ville la plus au Sud du monde : Puerto Williams avec ses 3 000 habitants (la moitié étants des militaires et leurs familles). Ici pas (encore) beaucoup de touristes mais on sent que c’est en plein développement. L’état construit des routes et des infrastructures pour développer le secteur sur cette île qui a beaucoup de potentiel.

Vincent et damien bateau puerto navarino
Drapeau du chilie au cerro bandera
Nous logeons dans une petite cabane en dehors de la ville et au pied des montagnes. C’est assez rustique, sûrement construite à la main par notre hôte : une seule pièce avec lits superposés, un poêle, une table et des chaises, une petite cuisine et un grand jardin avec barbecue et douche solaire. On rejoint la ville en vélo à 10 minutes de là. Le premier jour c’est une vraie tempête, plus d’électricité en ville à cause du vent, les barrières de chantier et les panneaux de signalisation qui s’envolent (sans parler de la poussière des routes de terre) ; le retour à vélo depuis la ville à la cabane sera périlleux… De toute façon à la cabane il n’y a ni eau ni courant à part un petit générateur, qui servira peu.La cabanne à puerto williams

Parilla à puerto williams

Nous sommes venus sur l’île car c’est le seul moyen pour rejoindre en ferry Punta Arenas sur le continent mais voilà, une fois arrivés nous apprenons que le prochain ferry est complet (on nous avait pourtant dit le contraire à Ushuaia) et que le suivant ne part que 4 jours plus tard. C’est un mal pour un bien car cela nous permet de faire une randonnée de deux jours autour des Dientes de Navarino, une chaîne de montagne (le chemin partant juste derrière notre cabane).
Randonnée aux dientes de navarino Randonnée aux dientes de navarino Vincent, Damien et nico sur la randonnée des dientes de navarino
La météo est avec nous et les paysages sont à couper le souffle : des vallées immenses pleines de petits lacs et de forêts, pas une trace humaine à l’horizon, sûrement parmi les plus beaux paysages qu’il nous ait été donné de voir.

Randonné dientes de navarino 3

Chaque montagne franchie nous dévoile une nouvelle vallée, de quoi faire des randos pendant des semaines en hors-piste complet (il n’y a que deux ou trois chemins « balisés » sur toute l’île) Le premier jour, avec nos sac légers le chemin est facile à suivre et très agréable malgré quelques pierriers et des pasos (des cols) un peu raides. Le deuxième jour ça se complique un peu : le sol est boueux, il n’y a plus vraiment de chemin à part quelques cairns (à croire que la CONAF, l’équivalent de l’ONF au Chili, n’avait plus de peinture rouge pour finir le balisage pourtant existant le premier jour). C’est un peu laborieux, on fait des détours, on perd plusieurs fois le chemin et on ne comprend pas pourquoi la route est aussi compliquée alors que l’on pourrait aller tout droit en terrain plat… une cascade sur la randonné dientes de navarinoOn arrive en début d’après-midi devant le Paso Virginia, le dernier gros obstacle. On commence par monter, droit dans la pente sur le sentier boueux avant d’arriver sur un grand plateau rocheux qui semble ne jamais se terminer de monter vers le ciel. Pourtant il termine, et même brusquement ! La descente se fait dans un pierrier, droit avec une pente bien raide. C’est impressionnant (et un peu dangereux) mais on descend finalement assez rapidement. Pour la fin de la randonnée nous marchons encore dans la boue et devons escalader des troncs d’arbres avant de retrouver la route. Un vrai parcours du combattant pour finir une randonnée grandiose.Randonné dientes de navarino 4  Randonné dientes de navarino 2  Le ferry qui nous emmènera à Punta Arenas met 32 heures pour faire la liaison. Il s’agit en fait d’une barge qui transporte les camions de ravitaillement et qui est équipée d’un coin pour les passagers. C’est tout confort et assez peu rempli (même pas une dizaine de touristes). Nous avons préféré rejoindre Punta Arenas par bateau plutôt qu’en bus depuis Ushuaia car nous voulions profiter d’une petite croisière dans les fjords du Sud du Chili où se trouvent quelques glaciers qui se jettent dans la mer mais également pour ne pas refaire la route en sens inverse et avec le vent de face…

Barge sur le canal de beagle Le glacier italiano On arrive dans la soirée dans la zone où se trouvent la majorité des glaciers ; heureusement ici, il fait jour jusque 23 heures. Le spectacle est incroyable, sur chaque montagne il y a un glacier, on ne sait plus où donner de la tête. Les plus gros qui se jettent dans la mer sont littéralement des murs de glaces de plusieurs dizaines de mètres de haut : c’est impressionnant à voir ! Par endroit la mer est couverte de petits icebergs et nous apercevrons même quelques dauphins venus s’amuser avec les vagues du bateau (toujours pas d’orque malheureusement).vincent, damien et nicolas devant un glacierLe lendemain, brossage de dent dans la salle de bain du bateau, un regard par le hublot pour voir à nouveau les dauphins…waw… La nuit puis la journée du passeront tranquillement ; la météo est un peu moins bonne que la veille mais les paysages restent magnifiques. De partout la mer… ou les montagnes. On se sent vraiment tout petit dans ces décors vides de toute activité humaine. Les montagnes sont immenses, les arbres déformés par le vent, poussent tous dans la même direction. C’est un vrai labyrinthe de canaux et derrière chaque montagne on devine d’autres, plus grandes encore cachées par la brume. Ça doit être sympa d’avoir un voilier et une paire de chaussure de marche pour pouvoir passer du temps dans le coin comme on le souhaiterait.

Nous resterons quelques jours à Punta Arenas, le temps de faire des emplettes (on trouve la même popote que celle que nous avions perdue en rentrant d’Uruguay). Le centre-ville est assez sympathique avec quelques bâtiments coloniaux anciens mais on ne joue pas vraiment les touristes. Puerto Natales nous attend à 250 km au nord, notre dernière étape de l’année.
On retrouve le même genre de paysage qu’en Terre de Feu, la Pampa et quelques collines avec des montagnes au loin et puis comme toujours du vent (de face sur tout ce tronçon). On avance durement mais sûrement les deux premiers jours et l’on croise beaucoup de cyclistes ; certains sur la fin du voyage, contents et tristes à la fois d’arriver, et d’autres comme nous plutôt au début. Tout le monde va ou part d’Ushuaïa.

Le deuxième soir, nous dormirons dans une vieille maison abandonnée, repère de cyclistes puisqu’il y en a 7 autres au même endroit. Le lendemain le constat est sans appel, il y a beaucoup trop de vent pour faire du vélo (on le savait vu les prévisions) avec des rafales jusqu’à 70 km/h. On passe donc au plan B et on tend le pouce ! C’est assez facile car ici ils ont tous des pick-up ou presque. Damien arrête rapidement une première voiture, il n’y a que deux places : 1er départ avec Nico. Vincent arrête un vieux pick-up une heure plus tard (les deux courroies de distribution casseront pendant le trajet mais il arrive à bon port quand même, pile pour le déjeuner).

Nous voilà installés à Puerto Natales pour trois bonnes semaines. On a prévu de passer Noël et le jour de l’an ici avant d’aller faire le trek W dans le parc de Torres Del Paine, réservé pour début janvier. On passe les journées tranquillement à l’auberge de jeunesse, on mange bien et on se repose. En plus il y a une brasserie artisanale sur la place principale… On recroise à nouveau JB, qui lui revient de Torres Del Paine. On est content de retrouver également Geoffray, le copain qui nous a hébergé à Buenos Aires et qui est venu nous rejoindre pour le jour de l’an. La soirée débute à l’auberge de jeunesse que nous n’avons jamais vue aussi remplie (NB : la plupart des gens ne passent à Puerto Natales qu’un ou deux jours avant et après leur trek à Torres Del Paine. L’auberge est pleine toutes les nuits mais les gens partent très tôt le matin quand on dort encore et rentrent le soir directement se coucher, on a donc l’impression que c’est vide en permanence). Avec toute l’auberge ou presque, on terminera dans un bar du coin où un orchestre joue à plein volume de la musique colombienne (la cumbia). Super soirée pour terminer 2018…
Et puis, après quelques jours nous sommes enfin partis faire le fameux trek W, du non moins fameux parc Torres Del Paine mais ceci est une autre histoire (un article y est dédié sur le site lien article Torres).
A l’heure où j’écris nous sommes rentrés depuis quelques jours, le temps de remettre nos genoux et on repart vers le nord, direction El Calafate en Argentine et le fameux glacier : Perito Moreno. Fini les vacances, on commençait un peu à tourner en rond !

Ne manquez pas notre prochain épisode dans quelques semaines, suivez-nous sur les réseaux sociaux, au programme des glaciers, du vent, des montagnes et encore du vent
PS : On a aussi enfin passé la barre des 2 000 km en pédalant en rond dans Puerto Natales 😊 plus que 10 ou 12 milles à faire…

Tierra del fuego

Tierra del fuego

Presque le bout du monde. L’île de la Terre de Feu, située au Sud du continent, est partagée entre le Chili et l’Argentine. Elle est bordée au Nord par le détroit de Magellan et au Sud par le Canal de Beagle. Tout au Sud on arrive à Ushuaia, la ville la plus australe du monde mais pas encore le dernier lieu habité puisqu’au Chili on retrouve des villages encore plus au Sud (sans parler de l’Antarctique), notamment Puerto Williams sur la Isla Navarino de l’autre côté du détroit de Beagle. Les deux pays se disputent ce statut non officiel de ville du bout du monde pour attirer les touristes et en faire profiter l’économie… Actuellement, le Chili construit une route pour aller plus au Sud d’Ushuaia par voie terrestre : c’est la petite « « gueguerre » dans le coin pour ça (et en même temps vu les prix et le nombre de touriste…il y a un sacré enjeu !).
La Terre de feu tire son nom du voyage de Magellan, qui, lors de son passage, vit avec les membres de l’expédition, de grands feux brûler nuits et jours sur toutes les côtes de l’ile. De là est venu le nom : Tierra del fuego ! Les feux auraient été allumés par les indiens vivant sur l’ile (peut-être pour prévenir les tribus voisines de l’arrivée d’ennemis…). Magellan n’a pas débarqué, mais le nom est resté.
Pour nous le début du voyage vers la Terre de Feu commence à Rio Gallegos, un peu au nord de l’île. Nous y sommes arrivés après 48h de bus depuis Buenos Aires (avec une pause de quelques jours à mi-chemin à Puerto Madryn pour observer notamment les baleines). On y retrouvera nos vélos arrivés par camion quelques jours plus tôt…sains et saufs !

panneau vent fort patagonie

On constate très vite qu’ici il va falloir compter avec le vent parce que ça souffle…et pas qu’un peu ! La première nuit en tente nous l’apprend à nos dépens ! Nous sommes en effet réveillés à 4 heures du matin par de grosses bourrasques qui plient les tentes dans tous les sens. Nous ne nous envolons pas et ne souffrons pas de gros dégâts mais nous sommes maintenant prévenus, la nuit ici il vaut mieux être à l’abri. En revanche le 1er spot était sublime…en bord de cratère d’un volcan éteint. En repartant ce matin nous avons l’objectif d’arriver pour de bon en Terre de Feu et de traverser le détroit de Magellan. La journée sera éprouvante avec un vent de côté qui nous use et qui nous empêche de rouler correctement. Pour aller en Terre de Feu il faut impérativement passer par le Chili.
Le premier contact n’est pas des plus heureux puisque les douaniers sont beaucoup plus pointilleux qu’en Argentine et en Uruguay. Il faut vider les sacoches et nous nous faisons confisquer un saucisson (c’est le comble pour des français…). Ça plus le vent ça commence à faire beaucoup… Nous décidons de tenter le stop sur un bout de chemin pour éviter le vent. Coup de bol après une bonne heure d’attente nous voilà embarqués avec les trois vélos à l’arrière d’un pick-up qui nous déposera 30 km plus loin.

3 hommes avec vélo derrière un pick up en stop

Plus que 10 km à faire avant le ferry et là avec le vent dans le dos. Il nous faudra moins de 30 minutes pour arriver à l’embarquement. Après une rapide traversée du détroit de Magellan nous voici enfin en Terre de Feu ! Nous passerons la nuit à l’embarcadère de l’autre côté. Sous tente mais abrité du vent avec douches chaudes gratuites et internet…le luxe !

En repartant le lendemain nous roulons à un bon rythme, aidé par le vent cette fois ci. Il faut dire que dans l’ensemble il nous aura plus aidé que contrarié puisque jusqu’à Ushuaia nous l’aurons plus souvent eu dans le dos, ce qui nous permet de faire des belles étapes en peu de temps avec des pointes à 60 km/h et des moyennes à 30km/h.
Les paysages sont magnifiques, on les voit changer même le temps d’une journée. On passe progressivement de la pampa au Nord à un paysage plus forestier ; puis au bout de quelques jours nous apercevons enfin les montagnes, elles nous ont manqué depuis le début. Ici les gens disent que l’on peut observer 4 saisons en une journée. Il fait globalement assez froid ; dès que l’on s’arrête, on attrape vite froid de part le vent (ce dernier fera prochainement l’objet d’un article à lui seul) ; il pleut quelques minutes chaque jour mais jamais de grosses pluies. Par conséquent, on cherche des coins abrités pour manger, ce qui n’est pas toujours facile car il n’y a pas grand-chose entre deux villes. Un jour, en allant demander s’il est possible de manger derrière une maison à l’abri du vent nous tombons sur…des Ukrainiens ! Celle-là on ne l’avait pas vu venir ! Ils ne parlent ni anglais ni espagnol, difficile d’expliquer que l’on cherche juste un abri pour le vent mais finalement on y arrive. L’un d’eux Sergeï nous interprètera même une petite chanson ukrainienne, nous apportera du thé et nous montrera des photos de vacances dont une de lui en slip dans la neige (et tout ça sans comprendre un mot de ce qu’il raconte et de ce que lui et son équipe font perdu au milieu de la Terre de Feu). On suppose qu’ils sont venus pour pêcher… En tout cas il aura fait notre journée : merci Sergeï!
Pour dormir sur ces quelques étapes nous avons tout essayé, nuit sous tente à l’abri de l’office de tourisme à Cerro Sombrero ; nuit dans un abri bus (qui sent la pisse) et perdu au milieu de nulle part au Chili ; à la douane argentine à San Sebastian (dans une petite pièce avec cuisine prévue spécialement pour les voyageurs comme nous). Nuit chez un ancien champion de vélo à Rio Grande qui tient maintenant une boutique de vélo (le soir il cuisinera pour nous quatre, deux kilos d’escalope milanaise…). On se rend compte que le réseau de cyclotouristes en Amérique du Sud est énorme ! Une fois que l’on a mis le pied dedans, le contact pour l’hébergement ou autre devient plus aisé.
Nous passerons également deux nuits dans le petit de village de Tolhuin où nous sommes hébergés par Emilio le patron de la Panederia (boulangerie). Une institution dans le coin et le point de ralliement de tout le village et plus. Emilio accueille gratuitement les voyageurs dans une petite chambre (au milieu des stocks) ou dans le sous-sol de la réserve. On y passera deux jours de repos à manger beaucoup de pâtisseries (excellentes) sans arriver à toutes les goûter, ça vaut clairement le détour.
homme devant vitrine boulangerie patagonie

On y retrouve d’ailleurs JB, un voyageur français croisé en Uruguay qui voyage en stop avec qui nous avions gardé contact. C’est marrant de se retrouver au même endroit que lui au bout d’un mois. On se retrouvera encore la nuit suivante, dernière nuit avant Ushuaia, dans une cabane abandonnée au bord d’un lac. Point de rendez vous des voyageurs puisqu’en plus de nous 4, JB retrouve un belge qu’il a déjà croisé. 1 colombienne et un écossais que nous avions rencontré la veille à Tolhuin sont également présent. La vue est superbe et la cabane qui est équipée d’un poêle ; pas de douche mais l’eau du lac (certes bien froide) fera l’affaire…c’est royal ! Entre Rio Gallegos et Ushuaïa nous n’auront pas payé une seule fois pour dormir ! On a par ailleurs été surpris de trouver facilement et régulièrement des douches gratuites un peu partout au Chili.

vue depuis châlet sur lac et montagne patagonie

Dernier jour de vélo avant Ushuaia. On commence par un col (plus grosse montée jusque-là) : facile ! On est entre les montagnes et le vent ne souffle plus beaucoup. Un dernier tournant et nous voilà aux portes de la ville. On file à l’office de tourisme faire le tampon fin du monde sur le passeport et prendre une photo devant le panneau !
On restera une semaine à Ushuaia, trois jours chez Augusto un gars du coin (du réseau de cyclotouristes) et le reste en auberge de jeunesse. On en profite pour faire un peu de rando avec un coup de cœur pour la Laguna Esmeralda et le glacier Vinciguerra et une déception pour le glacier Marcial (en fait on cherche encore le glacier, il a dû fondre…). Pour nous, la ville en elle-même n’a rien d’extraordinaire, beaucoup de touristes (notamment français). En soit, c’est une ville de pécheurs assez récente qui s’est métamorphosée pour les touristes…pas de coup de cœur ! On y va surtout pour les paysages alentours à couper le souffle.

vue panorama glacier vinciguerra patagonie

Après une bonne pause on quitte finalement Ushuaia en bateau, cap encore plus au Sud, mais c’est une autre histoire… En attendant, on vous laisse admirer quelques-uns de nos clichés dans la galerie !

Bienvenido a URUGUAY!

Bienvenido a URUGUAY!

L’Uruguay c’est où ?

Bonne question puisque l’Uruguay, à part quelques joueurs de foot pour ceux qui suivent (donc pas nous) et le nom de la capital pour les meilleurs en géographie (Montevideo pour les autres) on ne connait pas grand chose sur ce petit pays coincé entre l’Argentine et le Brésil.

Pourtant avec ses 3,5 millions d’habitants (dont 1,5 millions dans la capitale) il gagnerait à être mieux connu! C’est notamment un pays très ouvert sur les droits LGBT, le premier au monde à avoir légalisé la consommation de cannabis et où la santé et l’éducation sont gratuites. En plus de ça le climat est plutôt sympa et le niveau de vie des habitants est un des plus élevé d’Amérique du Sud. Le pays semble donc assez accueillant.

Pour arriver jusque là c’est assez simple, depuis Buenos Aires on prend un ferry qui amène à Colonia de Sacramento, la ville qui se trouve de l’autre côté du Rio de la Plata et qui marque la frontière. Après un (très) rapide passage par la douane et 1h30 de ferry nous voici arrivé dans notre second pays d’Amérique du Sud.

Globalement on n’avait aucune idée de ce à quoi s’attendre. Fidèles à nous même nous n’avions absolument rien préparé et ne nous étions pas renseigné sur le pays. Après la pampa Argentine et Buenos Aires on peut dire que le dépaysement est rapide. Colonia de Sacramento est une toute petite ville avec des bâtiments anciens et un fort militaire (la ville est située à un emplacement stratégique et a été disputée entre les espagnols et les portugais), l’ambiance y est méditerranéenne. Les gens boivent beaucoup, beaucoup, beaucoup de maté, partout et tout le temps…vraiment! Dans la voiture, en faisant les courses, en promenant les poussettes… c’est assez amusant à voir au début puis on s’y habitue (faut dire que nous aussi on s’y est mis depuis le début du voyage en Argentine).

On passera quelques jours à Colonia et Vincent y soufflera ses 26 bougies (ça nous rajeunit pas tout ça). Quant aux uruguayens, ceux qu’on y a rencontré étaient super sympas et notamment Juan José, un jeune retraité uruguayen ayant vécu 30 ans en Haute Savoie et qui vient juste de revenir. Nous le croisons en sortant faire les courses un soir et le lendemain il nous propose une visite guidée de la ville et des environs: royale! Il nous invite même à dîner chez lui le soir même. Si tu nous lis José encore un grand merci c’était génial !

Bon on est quand même venu faire du vélo donc il est temps de se remettre en route. Les gens qu’on a rencontré nous ont tous conseillé de longer la côte (nous pensions à la base passer par la pampa). Nous partons donc par la route 1 direction Montevideo et on peut dire que ça nous change de la province de Buenos Aires. Le paysage est assez vert, toute la route est vallonnée et on alterne sur 170 km les montées et les descentes, pas 1 km de plat (jusque là nous n’avions pas eu une seule montée). On roule quand même à un bon rythme et il nous faudra trois jours pour rejoindre Montevideo. On passera deux nuits sous la tente et une en couchsurfing chez des “hippies like”. Le drone réussira même son premier vol (enfin!).

Montevideo ne nous inspire pas trop, on en a assez des villes. On n’y restera que deux nuits, le temps de faire une rapide visite et de trouver un bus pour aller jusqu’à Punta del Diablo, sur la côte au Nord du Pays à 40 km de la frontière Brésilienne. On est un peu limité en temps (Damien a un vol pour l’Irlande depuis Buenos Aires une quinzaine de jour plus tard) et on décide donc de partir le plus loin possible et de revenir à Montevideo en longeant la côte.

Punta Del Diablo sera une bonne surprise. Il s’agit d’un village de pêcheurs qui se transforme petit à petit en station Balnéaire mais en gardant pour l’instant beaucoup de style avec des petites maisons de bric et de broc de toutes les couleurs et pas un seul immeuble. La saison touristique ne commencera que dans quelques semaines mais déjà l’auberge de jeunesse est bien pleine. On s’y sent tellement bien qu’on prolonge le séjour d’une nuit. L’endroit est vraiment paisible avec des immenses plages à perte de vue (idéal pour surfer il paraît) et une réserve naturelle juste à côté. Nous allons la visiter en vélo en passant par la plage. Le sable est dur au début et parfait pour rouler mais on devra pousser sur les derniers kilomètres. Peu importe ça valait le coup!

Notre prochaine étape est Cabo Polonio dont on nous a dit beaucoup de bien. Pour y arriver il nous faudra deux jours de vélo (on dépasse les 1000 km depuis le début du voyage et une nuit passéE à dormir chez les pompiers!).
Le village se situe dans une réserve naturelle. Arrivés à l’entrée nous devons laisser les vélos et embarquer dans des énormes camions 4×4 pour traverser les dunes jusqu’au village construit sur une presqu’île. Il n’y a pas de voitures (sauf pour quelques résidents), pas de goudron, pas d’éclairage public et globalement peu d’électricité et surtout aucune connexion internet. Dans l’ensemble on pourrait se croire en 1980. Il y a une seule épicerie à l’ancienne avec un comptoir qui en fait le tour et des produits posés sur des grandes étagères. Pour le coup le dépaysement est total. En faisant le tour de la presqu’île et du phare on peut voir une grande colonie de lions de mer et de chaque côté une plage à perte de vue. Le village est coupé en deux, au Sud des résidences secondaires de couleur blanche et au Nord des maisons de toutes les couleurs pour des hippies habitant là à l’année. Encore une fois on serait bien resté plus longtemps mais on commence à jouer contre la montre et il faut repartir. Direction Punta del Este.

Les deux jours de vélo sont jusque là les plus sympas que nous ayons fait. Il fait très beau, le paysage est magnifique, on longe la mer et il n’y a presque pas de voitures. On roule plutôt vite (pour nous) car pour une fois on a le vent dans le dos. Pour traverser une lagune nous changeons de moyen de transport et embarquons les vélos sur la barque d’un pêcheur qui assure la liaison entre les deux côtes. En revanche l’arrivée à Punta Del Este nous déçoit quelque peu. Il s’agit d’une grosse station balnéaire pour touristes argentins et brésiliens (principalement), le front de mer est bétonné et il n’y a que des hotels de 20 étages. Il y a même une Trump Tower en construction…
Rien d’intéressant à y faire selon nous. On y retrouvera pour une soirée deux argentines croisées à Cabo Polonio qui nous trouverons un bon plan pour stocker les vélos 15 jours à Buenos Aires à notre retour (le temps pour Damien de rentrer en Irlande et pour Nico et Vincent d’aller à Iguazu). Le plan de base était de retourner à Montevideo (à deux jours de vélos de là) puis de reprendre un ferry pour Buenos Aires mais tout ce béton nous a démotivé et nous décidons finalement de repartir deux jours plus tôt et de rentrer directement depuis Punta del Este. De plus, le portable de Nico est enfin réparé (cassé suite à une rencontre violente avec le sol; il aura fallu 20 jours pour le réparer) et nous sommes invités à une soirée à Buenos Aires. Tchao Uruguay, c’était bien chouette et j’espère qu’on reviendra!
N’hésitez pas à jeter un oeil à la gallerie pour plus de photos sur l’Uruguay!